Abus sexuel & incestes

Le terme abus vient de abusus, « le mauvais usage ». L’abus désigne l’action d’abuser d’une chose ou d’une personne. En mémoires prénatales, nous retiendrons l’abus sexuel qui se rapproche de la notion de viol, d’inceste et de pédophilie. Dans l’abus sexuel, nous trouvons l’abuseur et l’abusé. L’abusé désigne la victime obligée de subir un rapprochement sexuel sans son consentement. La victime se sent souvent fautive, cette faute intériorisée se transmet aux descendants.

L’abus sexuel ne se limite pas à la pénétration, il concerne toute violation intime du corps de l’autre. Il s’accompagne de violences verbales, ou de menaces de mort. On parle d’inceste géographique ou spatial lorsqu’il ya intrusion sur le territoire. Le partage de l’espace menace l’identité sexuée. À cause des limites trop floues, l’espace commun n’est pas sécurisé comme le partage d’une maison, d’une chambre, d’un lit entre membres d’une même famille. Tout contrôle abusif de l’intimité d’une personne, comme la lecture du journal intime ou de courrier électronique, entre aussi dans la catégorie de l’abus incestueux.

Le terme « inceste » qui vient du latin incestrum, signifie non chaste, souillé, impur. Cette perversion, ou déviation sexuelle par rapport à une norme, décrit une relation sexuelle entre individus d’une même famille, au sens large du terme : elle peut avoir lieu dans un contexte intranucléaire c’est-à-dire au sein du noyau de la cellule familiale (par exemple, un père qui inceste sa fille) ou extra-nucléaire (par exemple, un oncle maternel qui inceste sa nièce) ; de même, la transgression de l’interdit existe lorsque l’agresseur fait fonction de parent (père adoptif, beau-père…).

 L’inceste repose sur un problème d’autorité parentale. Un adulte domine un enfant en situation de faiblesse, le mineur ne peut se défendre, il subit une contrainte sexuelle, physique et un chantage affectif pour se taire. L’inceste fait partie des abus sexuels. Il comprend les attouchements sur le sexe de l’enfant, la pénétration anale ou vaginale, les rapports buccaux forcés, l’émission du sperme sur certaines parties du corps du mineur, l’obligation pour l’enfant de caresser le sexe et de donner du plaisir à un adulte. En psychogénéalogie, l’inceste, sujet tabou, a une incidence en profondeur, il devient un secret de famille indicible. L,enfant abusé reste prisonnier du secret. Dévoiler le secret remettrai en jeu l’équilibre familial, alors, il doit garder le silence, une amnésie peut cacher le traumatisme, l’information passe au niveau inconscient.

L’inceste est un meurtre sans cadavre, un meurtre psychique car il crée la confusion dans l’esprit de l’enfant entre amour et sexualité, il place l’enfant dans une fonction d’objet sexuel visant à assouvir les fantasmes sexuels de son agresseur que la plupart du temps il aime et en qui il a confiance.

De nombreuses vies peuvent ainsi se voir détruites à cause d’un abus de ce type dont les effets sur le long terme imprègneront toute la vie de la victime et de ses descendants. Honte, culpabilité, dégoût de soi, autodestruction, dépression, troubles sexuels ou reproduction des faits sur la génération suivante font partie de la triste liste des effets produits par de tels abus qui marquent leur victime à jamais.

L’inceste c’est aussi tout ce qui concerne l’exhibition sexuelle ou « inceste moral » : les actes de faire l’amour devant son enfant, parader nu, tenir des propos à caractère sexuel, visionner des films pornographiques avec son enfant… sont considérés comme relevant de l’inceste. Utiliser son enfant comme confident de ses aventures sexuelles, le photographier nu ou dans des situations érotiques également.

L’inceste c’est aussi le « nursing pathologique » : sous couvert de d’actes d’hygiène ou de soins, l’agresseur assouvit ses pulsions en pratiquant des toilettes vulvaires trop fréquentes, des décalottages à répétition, des prises de la température inutiles plusieurs fois par jour, lavements…et ce jusqu’à un âge avancé de l’enfant. C’est une relation extrêmement fusionnelle qui s’instaure dans laquelle l’enfant est un objet sexuel.

L’incestuel :

L’incestuel, c’est l’inceste sans passage à l’acte sexuel. Vu de l’extérieur, il n’y a rien. Vu de l’extérieur, l’incestuel peut même ressembler à de l’amour : vu de l’extérieur, une famille incestuelle peut ressembler à une famille très unie par « l’amour », mais ce n’est pas de l’amour… c’est de la fusion, de la confusion (des genres, des générations, des places, des identités…) c’est de l’emprise. Un parent qui considère son enfant comme s’il était une extension de lui-même, et/ou comme s’il était un objet n’est pas dans une relation d’amour mais dans une relation d’emprise.

L’incestuel, c’est du flou, le « magma du pas nommé », dit Fernande Amblard.

Si l’inceste (du côté des abuseurs) concernent majoritairement les hommes (95% des filles abusées et 85% des garçons l’ont été par des hommes – Delisle 2004), les femmes ont sans doute une place plus grande dans l’incestuel — à travers ces relations fusionnelles et d’emprise que souvent on confond avec l’amour et notamment dans la relation mère-fille. Mais ce n’est pas l’amour : c’est une emprise où l’autre (en l’occurrence, dans l’incestuel, l’enfant) est considéré comme un objet (et non comme un sujet à part entière), une extension narcissique du parent.

L’incestuel ce n’est même pas du non-dit, c’est du pas-dit, c’est avant la représentation ; ça colle, ça agglutine, ça confond, ça mélange… Ca brouille les pistes, les frontières entre les personnes, les sexes, les générations, les identités, les corps… (« ma fille, c’est tout moi » ; où l’identité même de l’enfant est niée ; « elle m’a fait une rougeole », comme si la mère était dans la peau de son enfant… et de fait, parfois, dans un délire de fusion, ces mères pensent partager la peau, être dans la même peau que leur enfant, dans l’esprit de leur enfant « je sais ce qu’elle veut, ce qu’il lui faut, je sais ce qui est bon pour elle… » : c’est l’intrusion psychique. Cette intrusion, cette fusion coupe l’enfant de son être propre, de la source de sa subjectivité, sa vérité intérieure, de sa capacité à sentir son désir propre, comme il en serait d’un pays coupé de sa culture propre ou de ses sources énergétiques et, de ce fait, à la merci de toutes sortes d’impérialismes étrangers et in fine, d’effondrements politiques, économiques, culturels, spirituels.

Pour qu’il y ait un passage à l’acte incestueux, il faut qu’il y ait déjà un manque de limites, un flou dans les limites : l’inceste n’arrive pas comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. L’horizon est déjà bien bas et se confond avec la terre… Ainsi, l’incestuel à la génération précédente peut faire le lit de l’inceste à la génération qui suit. Et inversement : si il y a eu inceste à la génération précédente, on retrouvera une ambiance incestuelle à la génération suivante car l’interdit de l’inceste y aura été transgressé, et les limites entre les générations en restent floutées — sauf si un travail thérapeutique permet de stopper là le système pathologique, ou si un conjoint sait mettre les limites qui ont manqué aux générations précédentes.

L’absence de limite se traduit concrètement : les (portes des chambres, des toilettes…) sont toujours ouvertes, jamais fermées ;  ou des maisons où les pièces (chambre à coucher, salle de bain) n’ont tout simplement pas de portes (ce qui selon les contextes géographiques, économiques et culturels, est anodin, ou pas du tout). Des portes ouvertes ne constituent pas forcément un problème en soi. C’est le fait que les enfants, en particulier à partir de la puberté, n’aient pas le choix, la liberté de les fermer quand ils le souhaitent, qui est problématique.

Les conséquences de l’incestuel sont les mêmes que dans l’inceste
Les familles incestuelles sont des familles à transactions incesteuses sans passage à l’acte. Ce qui caractérise l’incestuel, et ce qui est commun à l’inceste et à l’incestuel, c’est l’intrusion psychique.

Ainsi, les conséquences possibles sont les mêmes que dans l’inceste :

  • Délinquance,
  •  Echec scolaire, professionnel
  • Troubles sexuels et affectifs
  • Anorexie, boulimie, toutes les addictions,
  • Délinquance, prostitution
  • TS et/ou suicides
  •  Bouffés d’angoisse
  •  Bouffées délirantes, psychoses
  •  Dépressions chroniques
  •  Troubles graves de l’image corporelle
  •  Rituels obsessionnels de lavage
  •  Reproduction à la génération suivante
  •  Sexualité compulsive ou absence de sexualité
  •  Tendance à vivre des relations abusives (affectives, sexuelles, professionnelles…)
  •   Incapacité à vivre simultanément amour et sexualité dans une même relation etc…
  • L’absence de limite se traduit concrètement : les (portes des chambres, des toilettes…)

La violence dans ses formes les plus subtiles et les plus insidieuses a trouvé refuge, à notre insu, au sein même de notre système éducatif et habite au creux de toutes les chaumières et dans l’ensemble de notre société. La violence nous concerne tous et le temps est venu de sortir de notre culpabilité, pour entrer dans notre part de responsabilité qui implique conscience et discernement.

La vérité, voila certainement le maitre mot qui anime mon existence telle une quête du Graal. Quête qui m’a amenée à comprendre non seulement ma vie, mais l’histoire de la vie dans ce qu’elle a de plus sombre et de plus lumineux. Alors combattons de toutes nos forces ce mal qui est toujours d’actualité dans notre société sans repère.

© 2018 Ameyo MALM @Thérapie globale