Enfanter ne va pas de soi. Contrairement à ce que nous apprenons à l’école, il ne suffit pas qu’un spermatozoïde pénètre un ovule dans une matrice en état de fonctionner, pour qu’apparaisse un être humain. Un humain naît d’abord du « projet » d’une femme et d’un homme. Certes, ce projet n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire …
Comme dit Boris Cyrulnick, » lorsque le spermatozoïde de votre père a pénétré l’ovule de votre mère, ça ne pouvait donner qu’un être humain, pas un chat, ni un vélomoteur. Mais ce n’était en rien prédestiné à devenir vous. Pour donner telle personne réelle, il faut toute la condition humaine, la mémoire, la culture, l’histoire, le contexte, la relation. La moindre variation de l’environnement modifie l’expression de nos gènes ».
Parmi les innombrables variations possibles, l’état psychique de la future mère , en relation étroite avec elle -même, c’est-à dire avec sa propre histoire, au sein de sa généalogie et en relation avec le futur père.
Résultante d’un nombre considérable de facteurs, chaque naissance est totalement singulière et débouche, que les parents en soient conscients ou pas (nous le sommes généralement très peu), sur une existence marquée d’emblée par un déterminisme vertigineux. Ce déterminisme nommé « projet-sens ». Ce projet-sens peut, éventuellement, et même souvent, ressembler à un grave « non sens », aliénant et mortifère. Parce qu’on ne nous désirait pas. Ou que l’on désirait un enfant d’un autre sexe. Ou que l’on nous a fait endosser le rôle d’un tiers vivant ou mort. Ou parce que notre mère nous a transmis son angoisse, ses terreurs, ses haines, ses tristesses… généralement sans le vouloir, ou même, très paradoxalement, en faisant tout pour nous en protéger et donc en s’enfermant dans un déni du problème qui, en réalité ne trompait personne surtout pas l’inconscient du bébé en elle.
Nous sommes un peu bâtis comme des poupées russes. D’une part, parce qu’au fond de nous, notre vie durant, il y a un petit enfant, qui jubile ou qui souffre, qui s’exprime ou que l’on fait taire. D’autre part, parce au’n travers de nous peuvent venir se coincer des fragments de vie maternelle, ou paternelle, ou ancestrale, inaccomplissements, souffrances et frustrations, dont nous commençons à hériter dès l’aube utérine de notre vie. Ainsi commencent bien des ratés de la vie , sinon des vies ratées.
La bonne nouvelle, c’est que cette malédiction de tous nos « projet-non-sens » que l’on a collé sur le dos dès le départ, de le comprendre, de le reconnaître et de le libérer. Alors l’existence prend un tout autre tour ! Mais pour en arriver là, un accompagnement est indispensable. J’ai pour profession d’accompagner dans cette « remontée » des personnes venues me consulter. Un ensemble d’outils variés m’est indispensable pour approcher de façon conséquente « le contexte dans lequel une personne a été amenée à se construire ». Ce contexte est fait d’une foule de données, belles et moins belles, sur lesquelles nos parents ne pouvaient généralement pas grand chose. Il ne s’agit nullement de les accuser ni de les culpabiliser, mais de travailler à nous libérer et, ce faisant à les libérer eux mêmes et surtout à libérer nos descendants, en clarifiant notre propre « projet d’enfant ».
© 2018 Ameyo MALM@Thérapie globale