La parentification

La notion de parentification a été introduite dans le champ des thérapies familiales par Boszormenyi-Nagy dès le début des années soixante (1965). C’est un renversement de place, de valeur. Autrement dit, une bascule transgénérationnelle.

C’est quand un enfant tient le rôle de parent envers son parent, cela crée un déséquilibre relationnel significatif. La place transgénérationnelle n’existe plus et perturbe tout l’arbre comme si un cyclone l’avait ravagé. On va parler de distorsion, car l’enfant est alors en déséquilibre relationnel et n’a plus sa place correcte au niveau des générations sur l’arbre et cela va entraîner un grand chambardement sur celui-ci.

Prenons une fille aînée qui doit s’occuper de ses frères et soeurs ou d’un de ses parents malades. Elle devient la parent en soignant faisant vivre ceux-ci. Adulte, il ya de fortes probabilités qu’elle ne se marie pas. L’on va parler d’enfance volée, viol de place car, au rang de sa fratrie, il n’existe plus, car devenant parent de son parent, il saute (virtuellement parlant mais dans la biologie c’est enregistré comme cela) sur la branche des grands-parents.

Les causes de la parentification.

La parentification est présente dans les dynamiques familiales dysfonctionnelles. Cependant, pour une meilleure approche, il est nécessaire d’explorer les antécédents des parents. Dans certains cas, des situations plus complexes surgissent qui conduisent à la parentification. Parmi elles, figurent les suivantes :

  • Consommation problématique d’alcool ou de substances
  • L’un des parents souffre d’une maladie grave, d’un trouble mental ou d’un handicap
  • Des parents qui, dans leur enfance, ont vécu des situations de privation affective, d’abus ou de négligence etc….

D’autre part, la famille peut avoir des difficultés financières ou a été marquée par le décès de l’un des parents. Par conséquent, l’enfant fonctionne comme un support.

Un enfant qui appelle son parent par son prénom, le place sur sa branche générationnelle et de ce fait n’a plus de parent mais un copain (un parent qui ne veut pas vieillir).

Un parent ami de son enfant qui lui fait des confidences engendre une des relations les plus engluantes et perfides qui soit car c’est faire couple avec son enfant, le phagocyter. Où est et que fait le partenaire ?

Les conséquences

“Elle se comporte comme une mère.” “Il est comme un père pour ses frères.” Ces phrases qui peuvent ressembler à des compliments sont peut-être un point d’ancrage pour ces enfants, puisqu’ils effectuent des tâches qui n’ont pas grand-chose à voir avec leur âge. 

Il y a des conséquences au niveau du développement psychologique, car ces enfants ont mûri soudainement dans certains domaines, mais pas dans d’autres. Ils peuvent avoir une faible estime de soi lorsqu’ils apprennent que leurs intérêts ne sont pas importants.

Par ailleurs, si le père a été alcoolique et que la fille a joué le rôle des parents, elle va s’emprisonner dans ce rôle de sauveteur. Elle va prendre soin des autres et tenter de les sauver. Mais elle va se reprocher de ne pas avoir pu le faire avec son père. Comme toute personne qui se croit investit d’une mission, elle se sent coupable du malheur qui l’entoure.

Que peut-on faire ?

Si vous êtes parent et que vous venez de réaliser ce problème, il est temps pour vous de faire quelque chose. Il est vrai que la parentalité est très complexe, surtout s’il y a plusieurs membres de la famille à prendre en charge. Cependant, il est également important de s’assurer que chaque membre puisse profiter de la place dont il dispose.

Si vous êtes ce fils-père, il est temps de quitter cet endroit et de commencer à profiter d’autres expériences. Voici quelques bonnes recommandations :

  • Soins personnels et limites : pendant un certain temps, vous avez fait passer les besoins des autres avant les vôtres. Maintenant, il est important que vous posiez des limites et preniez soin de vous.
  • Pardonnez et pardonnez-vous : que ce soit avec intention ou non, pour avancer il faut lâcher la rancune pour se concentrer sur le présent.
  • Travaillez sur vos émotions : dans une inversion des rôles, on apprend à cacher ses propres émotions pour ne pas déranger les autres. Il y a donc peu de contact avec ces dernières, ce qui appauvrit la vie affective. Par conséquent, il est nécessaire de commencer par reconnaître ce que l’on ressent et d’apprendre ce que chaque émotion a à nous apprendre sur nous-mêmes.
  • Libérez du temps pour les loisirs et l’amusement : il est maintenant temps de tirer parti de votre temps libre, de profiter des activités qui vous apportent satisfaction.

Enfin, il est important de préciser que la demande d’aide et l’abus sont deux choses différentes. Solliciter la collaboration des enfants à la maison, comme mettre la table, implique une part de responsabilité appropriée et accessible pour leur âge. Cela conduit même au développement de l’autonomie personnelle et de la croissance positive.

La parentification se produit dans chaque partie du monde, dans chaque culture, dans chaque société, sauf que ses effets peuvent être différents selon la norme culturelle de cette société. Dans certaines cultures comme celle de certains Africains, Asiatiques, Mexicains, Indiens, ou même Afro-Américains, puisqu’on met davantage l’accent sur l’interdépendance et la responsabilité familiales plutôt que sur l’autonomie individuelle, un certain niveau de parentification peut être bénéfique. Cela pourrait conduire à la résilience, à un sens de la responsabilité sociale et à davantage de compétences de garde chez les enfants qui sont parentifiés, surtout si cela se produit dans les dernières années de l’enfance.

Cette demande d’aide devient un abus lorsque les besoins de l’enfant sont négligés et lorsqu’il n’y a pas d’équilibre. Il est important de prêter attention à ce type de dynamique familiale, car dans de nombreux cas, la souffrance qu’elle provoque est invisible. En apparence, l’équilibre est maintenu, mais il ne l’est pas.

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