Naturalisation-Territoire-Racines

En psychogénéalogie, la naturalisation est un changement de nationalité, une modification de l’identité. Parfois le nom, le prénom, sont francisés, européanisés en vue d’une meilleure intégration dans le pays d’accueil. La naturalisation se fait souvent par nécessité vitale, elle découle d’une migration. Elle représente une coupure avec le pays d’origine, les racines, la langue maternelle, la sépulture des ancêtres. Elle peut s’acquérir aussi par mariage. Il est intéressant de revenir sur les causes et les effets de la naturalisation, en parlant de la séparation et de la souffrance ressentie.

Les descendants de personnes naturalisées peuvent éprouver un sentiment de double appartenance. Ils sont partagés entre l’intégration dans le pays d’accueil et le désir de revenir aux origines géographiques, la terre des aïeux. S’ils ne réalisent pas ce projet de retour, même en vacances, ils remercient leurs ancêtres en étudiant leurs coutumes, les traditions culinaires, la langue, l’histoire du pays, comme suivre des cours de danses Africaines pour une arrière-petite fille d’immigrants sénégalais. Les filles qui se marient avec un partenaire du pays d’origine prennent un nom marital en souvenir.

Des enfants peuvent présenter des troubles de langage, ils intervertissent et butent sur certaines lettres. Les parents font appel à l’orthophoniste. Comment le nom at-il été modifié, quelles lettres ont été enlevées ou ajoutées (les consonnes, les voyelles)? S’ils font des fautes d’orthographes ou de prononciation, quelle est la langue de leurs ancêtres, les premiers migrants ? Il est nécessaire de raconter à l’enfant l’histoire de la migration et de la naturalisation pour le libérer de cette fidélité.

Les personnes naturalisées ressentent, au fond d’elles mêmes, un arrachement, une trahison. Ce clivage intérieur peut causer un dédoublement de la personnalité et se traduire par des symptômes psychosomatiques comme des maladies ou une dépression. Le non dit sur la naturalisation peut entrainer des troubles physiologiques comme les phlébites, le sang ne remonte pas jusqu’au coeur (à l’image des des ancêtres, ceux qui ne sont jamais retournés à la maison). Pour les conflits de territoire, les maladies les plus fréquentes sont l’infarctus du myocarde, les hémorroïdes et les problèmes d’anus.

Le Territoire est un espace privé ou public, la base géographique de l’existence, nécessaire à l’équilibre de tout être vivant. Chez l’homme, le territoire passe de la nature à une dimension socioculturelle. Il est découpé selon des règles internes ou selon le droit et se définit par rapport à des limites. Le territoire inclut l’espace autour du corps, la bulle de protection, l’intimité, le lit, la chambre, la maison, le village, le quartier, le pays, le lieu de travail, les transports, les voyages. Le territoire comprend les notions de : distance et proximité, lieu, racines, errance, propriété, appropriation du territoire. La liberté d’un individu est réglementée par ces divers éléments. Le territoire est aussi la sépulture des ancêtres, la terre où ils reposent.

Photo : Felix Mittermeier