fantômes familiaux

Ces diverses interrogations me sont adressées assez souvent et j’avoue qu’elles m’interpellent. « J’ai déjà fait plusieurs thérapies, mais je sens qu’il y a toujours un blocage » ; Je me sens comme plombé ; je n’ai pas l’impression de vivre ma vie ; je suis triste, très triste depuis fort longtemps ; je me sens parasité dans mes actes ou mes idées ; je me sens étranger sur cette terre ; etc…..

Au sein de chaque famille, certains membres ne vivent pas leur vraie vie, ils sont influencés par une identification avec une personne décédée. Il ya deux types de décès dans un clan ; ceux parfaitement « admis », et ceux « inadmissibles ». Les décès admis par le clan, concernent les morts dont le deuil a pu être facilement et correctement fait par les personnes concernées. L’exemple le plus simple est représenté par la grand-mère quittant la famille de sa « belle mort » entourée des siens, à l’âge de 94 ans. « c’est normal, elle était vieille et avait fait son temps ». Dans ce cas, le deuil est plus facile à faire car il entre dans une certaine logique au sein de notre fonctionnement d’être humain mortel, le timing des instants sacrés étant respecté : « Chacun son tour » disent singulièrement les gens!

Par contre, une disparition prématurée, injuste, inadmissible, inattendue, n’a pas les mêmes effets au niveau de notre psychique globale. Quand un parent ne s’autorise pas à faire le deuil de quelqu’un de cher, il n’autorise pas ses propres enfants à le commencer et à le terminer. Ceux-ci sont pris dans une sorte de fidélité familiale inconsciente qui ne leur permet pas d’avancer sur ce chemin, sans l’aval de leurs ascendants. C’est. à ce niveau exact que se positionne précisément la « mémoire du fantôme ». Un décès injustifié/injustifiable signifie que le deuil d’un individu est, ou a été, impossible à faire par les personnes vivantes, présentes au moment du « drame familial ». La plus part du temps, cela concerne un enfant mort à sa naissance, en bas âge, ou un adulte jeune, ou un ancêtre mort dont le corps n’a pas été retrouvé. Quelque fois, c’est le décès d’une personne adulte, en pleine force de l’âge…. Ce décès injustifié/injustifiable, il faudra se le représenter comme une sorte de véritable séisme psychologique, émotionnel dont le degré peut atteindre les plus hauts sommets. cette onde de choc va se propager et ses répercussions pourront dans certains cas, imprégner plusieurs générations, à différents étages et dans diverses proportions : psychologiques, comportementales, psychiatriques, organiques. La personne chargée par l’inconscient familiale de porter cette mémoire de fantôme familiale, reproduit le stress vécu par une autre personne de sa famille, décédée avant sa naissance.

Pour se libérer du « fantôme » intériorisé qui décide, à votre place, dans vos actions, parle à votre place, dans vos paroles. Il est important de redonner sa place au mort, de le remercier pour mettre un point final à la relation parasite. L’abandon du fantôme est comme une rupture de contrat de cohabitation. Il s’ensuit une transformation radicale de la vie de la personne détentrice de cette mémoire lorsqu’elle est transmutée.

photo : Sandy MILLAR

© 2024 Ameyo MALM@Thérapie globale