Traumatisme et mémoire traumatique

Dans le corps humain, un traumatisme apparaît sur les quatre plans, physique, émotionnel, mental, spirituel (PEMS) quand nous vivons une situation soudaine et choquante. Les mots-clé en la matière sont « soudaine et choquante ».

Imaginons un monsieur qui a un accident de voiture et il est blessé. Il a plusieurs fractures, des coupures réclamant des points de suture, des muscles froissés et des contusions sérieuses. Voilà la liste de ce qui est présent dans son corps en conséquence de l’accident. Ce n’est pas cela le traumatisme. Le traumatisme, c’est la réaction immédiate sur les plans PEMS qui viennent de vivre le choc d’un accident et de l’agression soudaine faite à son corps et à sa vie. Le trauma vient des bruits et images de l’accident en train de se passer. C’est le fait de voir le pare-brise exploser, cela vient du fait de voir le sang, cela vient du fait d’entendre les gens crier alors qu’ils accourent pour lui porter secours, cela vient de la soudaine conscience qu’il est dans le pétrin et qu’il est possible qu’il meurt. Et cela vient aussi de la certitude que sa vie était ordonnée et organisée deux secondes auparavant et qu’elle est maintenant sans dessus-dessous et dans un chaos total. Ces réactions font partie de ce qui fait le trauma. Ce ne sont pas les blessures par elles-mêmes. Bien que directement reliées à la cause du trauma, les blessures sont le résultat de l’accident, pas la réaction immédiate à l’accident.

Notre malheureux ami et son corps sont maintenant en face de deux situations distinctes : sa réaction immédiate à l’accident qui déclenche le trauma, et les blessures en tant que le résultat de l’accident. Son système électrique est lui aussi en face de deux situations distinctes : les circuits connectés à chacune des zones blessés ont subi des dommages énormes et ont besoin d’être réparées, et les circuits abîmés en relation avec le trauma que ce monsieur a vécu au moment de l’accident doivent être réparés avant que le corps puisse activer le processus de guérison complet des blessures.

Réagir à un évènement brutal et soudain est normal. Nous disposons tous d’une unité de circuits PEMS qui soutient totalement cette activité. Quand les circuits de réponse au trauma gardent leur équilibre, nous réagissons correctement au choc et nous sommes toujours capables de penser, de poser des questions et de répondre de façon cohérente ainsi que de prendre des décisions. Quand ces circuits sont équilibrés et en bon état de marche, ils s’activent automatiquement à ‘apparition d’un évènement traumatique et se désactivent une fois que le corps s’est stabilisé et que le trauma a disparu. C’est là que le système électrique du corps est capable d’activer complètement les circuits qui soutiennent le processus de guérison de chaque blessure.

Lorsque nous vivons un moment de vie traumatisant, nous avons 20 minutes pour en réparer l’impact sur notre structure. Quand je parle de structure, il s’agit de l’équilibre entre les plans physique, émotionnel, mental et spirituel. Normalement, le corps a dans sa programmation tous les outils pour se réparer. Son intelligence le lui permet. On est tous émerveillés de voir une plaie cicatriser. Il y a là une magie qui nous submerge, en tout cas c’est mon cas. Mais le travail de réparation est souvent lourdement endommagé car les expériences cumulées après un trauma grave autour de situations anciennes lourdes de types, accidents de la route graves, abus et violences subies, tortures, violences psychiques, harcèlements, menaces de mort répétées, schémas répétitifs etc….submergent les capacités réparatrices dans leur habilité à bien opérer. On met du temps à guérir parfois. Il arrive fréquemment que la blessure semble refermée, mais elle reste blessante en tant que douleur de l’expérience vécue. Parfois certaines cicatrices physiques disparaissent comme par enchantement, d’autres restent lourdement teintées, froides, épaisses, voire douloureuses. Tout est question de contexte.

Et si, nous disposons de vingt minutes pour réparer sans laisser de trace, je me dis que chacun de nous traîne en soi un paquet de plaies béantes. Certains parmi nous sont des montagnes de douleur, d’autres des collines, en tout cas, nous avons du mal à nous libérer, à nous affranchir de ce passif parce que nous ignorons le processus de la réparation. Cela peut même sembler inenvisageable et le plus souvent, on décide, ou on essaie, de ranger tout ça comme on peut dans un vieux tiroir au fond de notre conscience et de notre mémoire.

Et pourtant, par le processus d’accompagnement à la reconstruction que je propose, cette dimension est explorée. Réparer, Libérer, Pacifier et Guérir les effets du trauma dans la structure, même si le temps a passé.

© 2023 Ameyo MALM@Thérapie globale